Jacques Prévert
Jacques Prévert nasceu em 1900 em Neuilly-sur-Seine. Passou a juventude em Paris, onde exerceu diferentes ofícios antes de se ligar a artistas de vanguarda, ligados ao surrealismo. Relacionou-se com Marcel Duhamel, Yves Tanguy, Raymond Queneau, Georges Sadoul e muitos outros.
Começou a escrever teatro no Grupo Outubro, escreveu poemas (em 1945 a colectânea Paroles obteve um enorme sucesso), fez colagens, compôs canções (mais tarde interpretadas, entre outros, por Juliette Gréco, Yves Montand, Mouloudji e os Frères Jacques).
Trabalhou no cinema e é autor de inúmeros argumentos, nomeadamente para Marcel Carné (Drole de Drame, Quai des Brumes, Les Visiteurs du Soir, Les Enfants du Paradis), Jean Renoir (Le Crime de Monsieur Lange) ou para o seu irmão Pierre Prévert (L'Affaire est dans le Sac).
Morreu na aldeia de Omonville le Petit em 1977.
Vers la fin d'un discours extrêmement important
le grand homme d'Etat trébuchant
sur une belle phrase creuse
tombe dedans
et désemparé la bouche grande ouverte
haletant
montre les dents
et la carie dentaire de ses pacifiques raisonnements
met à vif le nerf de la guerre:
la délicate question d'argent.
Já no final de um discurso extremamente importante
o grande homem de Estado engasgado
com uma bela frase oca
escorrega
e desamparado com a boca escancarada
sem fôlego
mostra os dentes
e a cárie dentária dos seus pacíficos raciocínios
deixa exposto o nervo da guerra:
a delicada questão do dinheiro.
tradução: Luís Eusébio
Meti o bivaque na gaiola
e saí com um pássaro na cabeça
Então não se faz a continência
perguntou o comandante
Não
não se faz a continência
respondeu o pássaro
Ah bom
desculpe julgava que se fazia a continência
disse o comandante
Ora essa toda a gente se pode enganar
disse o pássaro.
tradução A.M.
lido aqui
Primeiro pintar uma gaiola
com a porta aberta
depois pintar
qualquer coisa de bonito
qualquer coisa de simples
qualquer coisa de belo
qualquer coisa de útil...
para o pássaro
depois pendurar a tela numa árvore
num jardim
num bosque
ou numa floresta
esconder-se atrás da árvore
sem dar um pio
sem mover um dedo...
Às vezes o pássaro chega sem demora
mas pode também levar longos anos
até se decidir
Não se abater
esperar
esperar anos e anos se preciso
pois a rapidez ou a demora
do pássaro não têm nada a ver
com o sucesso do quadro
Quando o pássaro chegar
se chegar
manter o mais profundo silêncio
esperar que o pássaro entre na gaiola
e quando entrar
fechar suavemente a porta com o pincel
depois
apagar uma a uma todas as grades
tomando cuidado para não tocar sem querer nas penas do pássaro
Fazer depois o retrato da árvore
reservando o galho mais belo de todos
para o pássaro
pintar ainda a folhagem verde e o frescor do vento
a poeira do sol
e o rumor dos insetos na relva no calor do verão
depois é só esperar que o pássaro comece a cantar
Se o pássaro não cantar
é mau sinal
sinal de que o quadro é mau
mas se cantar bom sinal
sinal de que pode assiná-lo
então você deve arrancar devagarinho
uma das penas do pássaro
e escrever seu nome num canto do quadro.
tradução de Eugénio de Andrade
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest ce jour-là
Et tu marchais souriante
Épanouie ravie ruisselante
Sous la pluie
Rappelle-toi Barbara
Il pleuvait sans cesse sur Brest
Et je t'ai croisée rue de Siam
Tu souriais
Et moi je souriais de même
Rappelle-toi Barbara
Toi que je ne connaissais pas
Toi qui ne me connaissais pas
Rappelle-toi
Rappelle-toi quand même ce jour-là
N'oublie pas
Un homme sous un porche s'abritait
Et il a crié ton nom
Barbara
Et tu as couru vers lui sous la pluie
Ruisselante ravie épanouie
Et tu t'es jetée dans ses bras
Rappelle-toi cela Barbara
Et ne m'en veux pas si je te tutoie
Je dis tu a tous ceux que j'aime
Même si je ne les ai vus qu'une seule fois
Je dis tu a tous ceux qui s'aiment
Même si je ne les connais pas
Rappelle-toi Barbara
N'oublie pas
Cette pluie sage et heureuse
Sur ton visage heureux
Sur cette ville heureuse
Cette pluie sur la mer
Sur l'arsenal
Sur le bateau d'Ouessant
Oh Barbara
Quelle connerie la guerre
Qu'es-tu devenue maintenant
Sous cette pluie de fer
De feu d'acier de sang
Et celui qui te serrait dans ses bras
Amoureusement
Est-il mort disparu ou bien encore vivant
Oh Barbara
Il pleut sans cesse sur Brest
Comme il pleuvait avant
Mais ce n'est plus pareil et tout est abîmé
C'est une pluie de deuil terrible et désolée
Ce n'est même plus l'orage
De fer d'acier de sang
Tout simplement des nuages
Qui crèvent comme des chiens
Des chiens qui disparaissent
Au fil de l'eau sur Brest
Et vont pourrir au loin
Au loin très loin de Brest
Dont il ne reste rien.
Fui à feira dos pássaros
E comprei pássaros
Para ti
meu amor
Fui à feira das flores
E comprei flores
Para ti
meu amor
Fui à feira das ferragens
E comprei cadeias
Pesadas cadeias
Para ti
meu amor
E depois fui à feira dos escravos
E andei à tua procura
Mas não te encontrei
meu amor
Tradução: José Lima
poema publicado nas edições Sempre em pé
Cet amour
Si violent
Si fragile
Si tendre
Si désespéré
Cet amour
Beau comme le jour
Et mauvais comme le temps
Quand le temps est mauvais
Cet amour si vrai
Cet amour si beau
Si heureux
Si joyeux
Et si dérisoire
Tremblant de peur comme un enfant dans le noir
Et si sûr de lui
Comme un homme tranquille au milieu de la nuit
Cet amour qui faisait peur aux autres
Qui les faisait parler
Qui les faisait blémir
Cet amour guetté
Parce que nous le guettions
Traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Parce que nous l'avons traqué blessé piétiné achevé nié oublié
Cet amour tout entier
Si vivant encore
Et tout ensoleillé
C'est le tien
C'est le mien
Celui qui a été
Cette chose toujours nouvelles
Et qui n'a pas changé
Aussi vraie qu'une plante
Aussi tremblante qu'un oiseau
Aussi chaude aussi vivante que l'été
Nous pouvons tous les deux
Aller et revenir
Nous pouvons oublier
Et puis nous rendormir
Nous réveiller souffrir vieillir
Nous endormir encore
Rêver à la mort
Nous éveiller sourire et rire
Et rajeunir
Notre amour reste là
Têtu comme une bourrique
Vivant comme le désir
Cruel comme la mémoire
Bête comme les regrets
Tendre comme le souvenir
Froid comme le marbre
Beau comme le jour
Fragile comme un enfant
Il nous regarde en souriant
Et il nous parle sans rien dire
Et moi j'écoute en tremblant
Et je crie
Je crie pour toi
Je crie pour moi
Je te supplie
Pour toi pour moi et pour tous ceux qui s'aiment
Et qui se sont aimés
Oui je lui crie
Pour toi pour moi et pour tous les autres
Que je ne connais pas
Reste là
Là où tu es
Là où tu étais autrefois
Reste là
Ne bouge pas
Ne t'en va pas
Nous qui sommes aimés
Nous t'avons oublié
Toi ne nous oublie pas
Nous n'avions que toi sur la terre
Ne nous laisse pas devenir froids
Beaucoup plus loin toujours
Et n'importe où
Donne-nous signe de vie
Beaucoup plus tard au coin d'un bois
Dans la forêt de la mémoire
Surgis soudain
Tends-nous la main
Et sauve-nous.
poema encontrado aqui
Quand la vie est un collier
Chaque jour est une perle
Quand la vie est une cage
Chaque jour est une larme
Quand la vie est une forêt
Chaque joue est un arbre
Quand la vie est un arbre
Chaque jour est une branche
Quand la vie est une branche
Chaque jour est une feuille.
Quand la vie est la mer
Chaque jour est une vague
Chaque vague une plainte
Une chanson un frisson...
dans " Fatras " (extrait)
poema encontrado aqui
Les idées pétrifiées devant la merveilleuse indifférence
d’un monde passioné
d’un monde retrouvé
d’un monde indiscutable et inexpliqué
d’un monde sans savoir-vivre mais plein de joie de vivre
d’un monde sobre et ivre
d’un monde triste et gai
tendre et cruel
réel et surréel
terrifiant et marrant
nocturne et diurne
solite et insolite
beau comme tout.
As ideias petrificadas face à maravilhosa indiferença
de um mundo apaixonado
de um mundo reencontrado
de um mundo indiscutível e inexplicado
de um mundo sem bem-viver mas cheio de alegria de viver
de um mundo sóbrio e ébrio
de um mundo triste e alegre
terno e cruel
real e surreal
aterrorizante e divertido
nocturno e diurno
vulgar e insólito
belo como tudo.
tradução:at